Même La Poste emboîte le pas. Le 18 septembre dernier, le groupe français a lancé sa première collection NFT, baptisée #NFTimbre1, mettant en vente 100 000 timbres numériques au prix de 8 euros chacun. En quelques clics, un utilisateur peut acheter un timbre physique qui a également sa version numérique en tant que NFT. Le NFT est généré au moment de l’expédition du timbre physique, avec une attente potentielle de 1 à 2 jours.
Un mois plus tard, environ 25 000 timbres ont été vendus, soit 24 631 timbres le 23 octobre. Selon Frédéric Morin, directeur adjoint de Philaposte, la division en charge de la philatélie au sein du groupe La Poste : « Nous lançons la vente de collections de timbres physiques sur une année. Nous envisageons de détruire les NFT non vendus d’ici le 30 septembre 2024. Cependant, notre trajectoire nous laisse penser que la totalité de la collection sera vendue dans les prochains mois ».
En dépit d’un sommet de 300 NFT vendus le 16 octobre, les ventes de la collection sont maintenant en deçà de 100 NFT par jour depuis le début du mois d’octobre, même si elles avaient atteint un niveau élevé lors de son jour de lancement. Pour rappel, un NFT (jeton non fongible) est un titre de propriété numérique émis par une blockchain, principalement Ethereum, et associé à un actif numérique unique, comme une photo ou une vidéo. Les NFT sont utilisés dans des domaines tels que l’art, le luxe et les collections de cartes sportives.
Achats exclusivement en euros
La Poste a collaboré avec la start-up spécialisée dans les NFT, Wagmi Studio, pour mettre en place une opération qui repose sur la blockchain française Tezos en raison de ses avantages écologiques. Ils ont introduit une plateforme permettant aux utilisateurs d’acheter des NFT, lesquels seront stockés dans un portefeuille dédié. De plus, les utilisateurs ont la possibilité de transférer leurs NFT vers leur propre portefeuille crypto.
La Poste préfère ne pas explorer pleinement le monde du web 3. En conséquence, les NFT ne peuvent être achetés qu’en euros, car nous souhaitons simplifier les transactions et rendre les NFT plus accessibles, explique le directeur adjoint de Philaposte.
Pourquoi La Poste décide-t-elle de s’engager dans le domaine des NFT alors que ce marché est en déclin depuis un certain temps ? Selon Frédéric Morin, pour faire entrer le web 3 dans la vie quotidienne des Français, il est essentiel que nos produits démontrent leur utilité, car jusqu’à présent, la bulle des NFT était principalement alimentée par des passionnés technophiles, sans véritable impact général.
Frédéric Morin souligne que les timbres sont les premiers objets collectionnés dans le monde. Alors que la philatélie, ou la collection de timbres, a principalement pris de l’ampleur en Asie, la France tente de se démarquer dans ce domaine concurrentiel. L’authentification joue un rôle crucial dans la valorisation d’une collection. Cependant, dans le cas des timbres physiques, il est nécessaire de faire appel à des intermédiaires, ce qui rend difficile l’estimation de leur valeur. Les collections de timbres NFT répondent à plusieurs défis du marché actuel, notamment la mondialisation, le désir de diversification des collectionneurs et le vieillissement de la communauté philatélique en France.
La Poste se lance dans l’univers des NFT avec sa propre collection, mais elle arrive après plus de 20 concurrents, notamment les États-Unis, le Japon et l’Autriche, qui ont déjà introduit leurs propres collections. La Poste allemande prévoit de dévoiler sa collection de NFT le 2 novembre prochain.
Révélation des valeurs des timbres-poste
Les collectionneurs de timbres NFT peuvent également trouver un intérêt à court et moyen terme. En effet, le timbre NFT associé à un timbre physique possède une valeur en tant qu’outil d’affranchissement, ce qui pourrait servir de certification de la réception du timbre par le destinataire. À long terme, le NFT pourrait potentiellement devenir une preuve de la distribution réussie d’une lettre ou d’un colis, d’après les réflexions de Frédérique Morin.
De plus, La Poste a l’intention de proposer des services supplémentaires aux nouveaux collectionneurs, tels qu’une opportunité de rencontrer l’artiste Faunesque (Phil Constantinesco) qui a conçu cette collection. Enfin, parmi les défis qui se posent, il y a la question de comment mettre un portefeuille électronique entre les mains d’un citoyen français. L’idée du portefeuille électronique permettra aux collectionneurs de stocker leurs timbres virtuels au même endroit, quel que soit le pays d’origine de leur émission, comme le souligne Frédérique Morin.
Cette première série attire principalement les passionnés, qu’ils soient français ou étrangers, parmi les 25 000 exemplaires vendus. Lorsque quelqu’un achète un timbre de collection, il peut savoir combien d’exemplaires ont été imprimés, mais il reste dans l’ignorance de l’endroit où il se trouve physiquement. Les amateurs auront peut-être l’occasion de se rencontrer lors du Salon philatélique d’automne qui se tiendra du 8 au 10 novembre à l’Espace Champerret à Paris.